La main aveugle de l'amour

Il est très tard ici
devinez l'heure,
les lumières sont encore allumés
alors je décidai d'écrire
une histoire de valentine,

la dernière m'a accompagné à la gare
ses larmes ont retenu mes au revoir
quand dans l'élan de fumée qui cheminait
je m'éloignais,
la minute qui suivait elle m'appelait
pour me remercier et on se félicitait
de ces moments inédits à peine passés
qu'il était bon de se remémorer
encore longtemps, souhaitant le meilleur
pourtant le pire était près de suivre,

voyez ça,
elle était invitée
par un de ses amis de toujours
et au départ ça ne mettait aucune
ombre au tableau idyllique
qu'on brossait depuis trois mois déjà,
je l'encourageai même à y aller,
c'est bien de ne pas rester seul
à son domicile en proie au fantôme
de l'amour absent et distant,

elle était fatigué, mais plus heureuse ce soir là
pour ce qu'elle avait vécu plus tôt,
bientôt elle parlerait d'elle
et de cet état de grâce
qui l'habitait pendant son dîner
qui se transformait en congrès
à mesure que les heures se succédaient
ce soir d'été,
l'ami était aimable et distingué
elle appréciait cela et c'était une bonne compagnie
et plus elle s'épanouissait loin de moi
et plus je m'ennuyais de son bonheur,
la colère enviait cette joie qui l'irradiait littéralement
et la folie me portait dans l'antichambre de la bêtise
j'étais comme saoûl sans le moindre verre
consommé à ma table,

je n'avais pas de raison mais je m'en trouvais
pour justifier ma peine qui se transformait en fatigue,
alors las de trop savoir que chercher
où trouver j'eus l'idée de blaguer avec cela
mais cela devenait de moins en moins soutenable pour elle,

c'est marrant de se rendre compte
comment on peut passer
de plaisirs en délices
et retourner en un instant
à l'état de nature,
nu com un ver, vide d'un rien
qui était tout,
dépouillé, navré,

ne jamais considérer
une situation pour figer,
j'en étais averti
c'est une erreur fatale.